Nous nous éveillons d’un jeu imaginaire et du personnage qui en occupait la première place. Ainsi, nous réalisons que, toute notre vie, nous nous étions projetés dans un rôle et une histoire.
C’est comme un voile qui tombe. Il fait que toute notre perception mentale et personnelle s’effondre aussi. Nous nous voyons précipités ici, au milieu de l’instant, immergés dans le monde réel. Alors que nous évoluions dans une légende pas plus existante qu’un rêve, notre Être, lui, ne cessait de demeurer concrètement présent à l’unique réalité.
Nous parlons d’éveil, mais il s’agit d’un “réveil”, comme au sortir d’un endormissement. Au regard de ce Jour nouveau, nous savons que tout ce qui nous vivions auparavant n’était pas vrai. La vérité est qu’il n’y a pas d’histoire. Elle est que depuis toujours nous sommes restés parfaitement libres de toutes celles qui nous préoccupaient. Aussi, il n’y a pas de conclusion, pas d’épilogue à leur trouver. Mieux encore, du point de vue de l’être, rien n’est jamais arrivé.
L’éveil est la reconnaissance de notre vrai visage, de notre véritable identité. En avoir l’expérience ne fait pas que l’on soit libérés.
Est libéré, celui/celle qui quoi qu’il fasse, où qu’il aille, ne bouge pas. Se trouve libre, celui qui ne cherche plus à s’éloigner de la demeure de l’Être, parce qu’il n’y croit plus, parce qu’il constate que tout “ailleurs”, tout “faire” est inexistant.
Cette délivrance n’est pas le fruit d’un entraînement ou d’effort. Elle vient d’Être en vérité, de goûter l’achèvement en l’Esprit originel, la plénitude et la gratuité du don jaillissant de la Source. Cela même qu’aucun gain, qu’aucune obtention illusoire ne peut apporter et n’a la nécessité de le faire.
Cette révélation, cet “atterrissage” dans la Présence ont l’effet d’une cagoule opaque que l’on ôte soudainement de notre tête. Alors, quelle joie, quel bonheur de retrouver la lumière et le fait de voir le monde. Quelle abondance de simplicité et d’évidence, sans commune mesure avec ce que nous vivions jusque-là.
C’est dans l’épiphanie de ces retrouvailles qu’une joie pleine d’amour nous envahit. Car enfin, notre demande, notre aspiration profonde et notre foi se trouvent exaucées, justifiées. Malgré l’assaut des doutes et du désespoir, quelque part en notre for intérieur, nous le savions bien. À présent, quel bonheur indicible de connaitre enfin cet avènement. Comment contenir les flots de gratitude qui jaillissent autant de nos yeux que de notre cœur aimant ?
