Sans l’abandon du personnage et de sa légende, il nous sera bien difficile de nous libérer, et même de progresser. Nous parlons d’illusion, mais pour nous elle reste réelle. Notre compréhension n’est qu’intellectuelle. Sinon, déjà nous serions libres.
Tous les soirs ne restent que les souvenirs de la journée passée. Constamment, tous les événements s’effacent comme dans un rêve. Cependant, nous voulons croire que ça continue. L’unique continuité n’existe que dans l’affirmation de l’Être, que dans celle de la Présence.
Toute action subtile ou grossière s’épuise inéluctablement dans l’instant. C’est par le recours à notre mémoire qu’artificiellement, nous racontons une histoire et tissons une continuité mentale. C’est comme un tour de passe-passe, par lequel nous nous convainquons en faisant de notre rêve une réalité.
Il est vain de saisir les fruits spirituels, comme de s’emparer des valeurs et des choses du monde matériel. Ce n’est pas de “prendre”, mais de lâcher prise de notre saisie, de s’abandonner, qui nous offre la libération.
Plus formellement qu’une indolente compréhension spirituelle, c’est par l’actualisation du don, de la générosité et de l’amour que se libère notre être. In fine, nous n’obtenons pas “une liberté”, nous la devenons.